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La cité de l’âme verticale

Date : avril 1, 2025

(…) La remise en cause du récit sioniste ne trouvera évidemment aucune place dans l’espace médiatique qui a fait de la version israélienne des faits une vérité par défaut. La propagande d’Israël, digne des plus grands maîtres de l’illusion,  est parvenue à faire disparaître cent ans de nettoyage ethnique derrière l’opération du 7 octobre. La vérité historique importait peu par rapport à la nécessité de trouver une justification morale à la « riposte » violente de l’État d’Israël. Le Hamas a été ainsi accusé des pires atrocités, dont la supposée décapitation des bébés, « information » par la suite démentie notamment par le journal Haaretz[1]. Il s’agissait d’une pure invention sortie tout droit du cerveau malade des propagandistes israéliens que Joe Biden n’a pas hésité à reprendre à son compte sans la moindre preuve. Israël a très tôt développé une stratégie efficace d’endoctrinement et de manipulation de l’information au service de son programme de nettoyage ethnique. Il a par exemple lancé un programme de bourse offerte aux jeunes citoyens juifs vivant à l’extérieur de l’ « État » hébreu pour faire du lobbying dans leurs réseaux respectifs. En effet, une puissante organisation, connue sous le nom d’AIPAC (American Israel Public Affairs Committee), a vu le jour aux États-Unis en 1943 avec pour rôle de veiller à ce que les élus américains votent dans le sens des intérêts israéliens.[2] Que ce soit aux États-Unis ou en Europe, le lobby sioniste influence très clairement les politiques publiques en faveur des prérogatives d’Israël.

      C’est un fait établi qui pourrait difficilement relever d’une théorie du complot. À ce propos, l’accusation de complotisme est devenue un instrument efficace de disqualification de la pensée critique. C’est un moyen facile pour discréditer un discours non conventionnel et éviter un débat dérangeant. Toute remise en cause d’un pouvoir, d’un système ou d’une élite ne relève pas nécessairement du complotisme. Notons que le complotisme est une attitude psychologique qui prédispose à une certaine rigidité intellectuelle interdisant toute lecture complexe et nuancée du monde. La disposition mentale d’un complotiste le pousse à enfermer le monde dans une structure univoque qui lui donne à voir une masse d’individus vulnérables, manipulée par une force obscure qui conspire en vue de modeler le monde selon son dessein. À ce titre, la caractérisation systématique des musulmans et la critique de l’islamisme sous couvert de « lutte contre le terrorisme » ne sont-elles pas le fruit d’une vision complotiste qui entretient l’idée selon laquelle les « islamistes » fomentent secrètement un projet de domination sur la base de la Sharî’a ? Une telle perception biaisée et simpliste de la réalité ne relève-t-elle pas d’une dissonance cognitive chez les adeptes du « choc des civilisations », notamment lorsqu’ils reprennent à leur compte le concept théologique de « taqiyya » (dissimulation, prudence) pour justifier fallacieusement leur méfiance à l’égard de l’islam. N’est-ce pas une telle vision qui sous-tend d’une certaine façon l’hostilité occidentale envers l’islam ?

    Précisons en premier lieu que le terme de taqiyya en islam relève d’une nécessité pragmatique permettant à un croyant de dissimuler sa foi face à une menace grave comme la torture. C’est, plus précisément, un moyen de survie individuel en contexte de persécutions qui appelle à la prudence et non pas une ruse collective ou un outil politique pour dissimuler une volonté de conquête. L’extrapolation abusive qu’en font les adversaires de l’islam relève d’une lecture complotiste ayant des conséquences désastreuses dans le monde. Par ailleurs, l’uniformisation du monde sur la base d’une idéologie hégémonique ne participe pas de la vision islamique pour laquelle la diversité des cultures et des idées ne représente pas une menace ; bien au contraire, elle constitue un signe de la Beauté divine sur terre, dont elle doit être garante dans le modèle de vivre-ensemble qu’elle défend. Le Coran rappelle en ce sens : « Et parmi Ses signes : la création des cieux et de la terre, la diversité de vos langues et de vos couleurs. En cela, il y a bien des signes pour ceux qui savent. »[3]

     La déconstruction de la fiction médiatique en faveur d’Israël, échafaudée sur la base d’une manipulation des faits et des images, est d’utilité publique. Surtout lorsque cette fiction a le terrible pouvoir, pour paraphraser Malcom X, d’inverser les rôles, en faisant passer le démon pour l’ange et l’ange pour le démon.[4] Déconstruire consiste avant tout à redéfinir les termes et les concepts qui travaillent une question afin de reconstituer les faits dans le sens de la vérité. Appliquer les concepts adéquats à une réalité est une façon de la maitriser et c’est la première faculté dont fut dotée Adam « Et Il (Dieu) enseigna à Âdam le nom de chaque chose »,[5] autrement dit, Il lui enseigna l’art de nommer la réalité qu’il s’apprêtait à transformer. La transformation du monde passe par un exercice rigoureux de nomination, de conceptualisation et de définition des problèmes qui l’affectent. Car définir un problème c’est le dominer. L’impérialisme occidental a contrôlé le monde musulman parce qu’il a su le définir en lui appliquant ses propres catégories anthropologiques, comme « peuples primitifs », « sociétés archaïques » etc. En définissant les sociétés musulmanes selon son propre lexique, le pouvoir colonial a créé les dispositions mentales de leur impuissance et a pu ainsi asseoir son hégémonie culturelle. Les peuples colonisés ont commis l’erreur d’intérioriser ces concepts, autrement dit, de se définir sous le prisme des catégories colonialistes. Ainsi, en se posant en objet d’étude coloniale, ils ont cessé d’être sujets de leur histoire.

     Pour empêcher la force occupante d’imposer son référentiel colonialiste dans le débat qu’elle cherche à dominer sur la question palestinienne, il faut mener la lutte sur le plan terminologique. Il s’agit de rappeler aux promoteurs d’opinions sionistes le sens des mots qui dépassent leur intelligence, et surtout le sens de l’Histoire qui semble leur avoir échappé. Il est question, en d’autres termes, de se réapproprier un vocabulaire confisqué par la classe dominante, afin d’exposer une vision du réel, un récit, qui remet radicalement en cause celle que tente d’imposer les médias de masse dans l’opinion publique. Le principal acte de résistance à notre échelle consiste, de manière plus explicite, à décoloniser l’information en neutralisant la charge idéologique de la terminologie qui est principalement à l’œuvre dans cette guerre des mots et des images autour de la question palestinienne.

(…)

Extrait de « Déluge d’Alqsâ » de Sofiane Meziani, éditions Les points sur les i

[1] https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/guerre-israel-palestine-fausses-informations-crimes-hamas-7-octobre

[2] John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt, Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine, La découverte, 2009

[3] Coran 30, 22

[4] Malcom X dit plus exactement : « Les médias sont les entités les plus puissantes sur terre. Ils ont le pouvoir de rendre les innocents coupables et de faire des coupables des innocents. Et c’est ça le pouvoir. Parce qu’ils contrôlent l’esprit des masses. » Retranscription d’un discours de 1963 citée dans Redefining Black Power : Reflections on the State of Black America, édité sous la direction de Joanne Griffith_

[5] Coran 2, 31

 

Author : Sofiane Meziani

La période médinoise demeure, dans l’histoire prophétique, un moment décisif, non seulement par les événements qui s’y déroulèrent, mais surtout par la profondeur spirituelle et éthique que cette époque incarne. Si la Mecque fut le temps des épreuves silencieuses, Médine fut celui de la manifestation concrète du message prophétique. Il ne s’agissait plus seulement de résister, mais d’exister pleinement, de construire, de donner corps à une spiritualité incarnée dans les réalités humaines les plus diverses.

En quittant La Mecque, le Prophète Muhammad – paix et bénédictions sur lui – ne cherchait pas simplement à échapper à une persécution politique, mais à accomplir une vision divine plus vaste : celle d’une société où l’élévation spirituelle et la justice sociale ne seraient plus antinomiques. Médine n’était pas un refuge passif ; elle représentait plutôt un laboratoire vivant où l’éthique révélée pouvait s’éprouver face aux contradictions de la vie communautaire. Ce qui se jouait là dépassait les cadres classiques du pouvoir : l’enjeu était la transformation intérieure de l’homme autant que celle de la société.

Dès l’arrivée à Médine, un acte inaugural fondateur eut lieu : la construction de la mosquée. Ce geste ne fut pas simplement symbolique ; il révéla la véritable ambition du message prophétique. La mosquée ne fut jamais réduite à un espace strictement rituel ou religieux, mais devint un lieu vivant, ouvert, propice à la méditation autant qu’au débat, aux échanges commerciaux, aux décisions politiques et juridiques. En érigeant ce lieu sacré au cœur même de la cité, le Prophète montrait que l’élévation vers Dieu était indissociable de la responsabilité envers les hommes. Le politique trouvait sa légitimité dans la transparence spirituelle, loin des artifices habituels du pouvoir terrestre.

La Constitution de Médine est en cela emblématique : véritable modèle avant l’heure de coexistence pacifique, elle fut un chef-d’œuvre d’intelligence politique et d’équilibre spirituel. Son génie était d’établir une communauté unifiée par une morale commune, tout en respectant profondément la diversité des croyances. Elle souligne que l’unité véritable ne réside pas dans l’homogénéité imposée, mais dans l’accord librement consenti autour de valeurs universelles : justice, dignité, solidarité et respect.

Cette période médinoise révèle également la complexité humaine face à l’idéal spirituel. Car si l’islam émergeait pleinement dans ses dimensions juridiques et politiques, il ne faisait pas l’économie des difficultés intrinsèques à l’âme humaine, avec ses hésitations, ses failles et ses contradictions. L’apparition de l’hypocrisie, phénomène typiquement médinois, rappelle une vérité profonde : le dévoilement d’un idéal provoque nécessairement l’apparition de sa contrefaçon. L’hypocrisie n’est possible que parce qu’il existe une norme élevée de sincérité spirituelle. Médine enseigne ainsi la vigilance intérieure permanente et l’exigence d’authenticité dans l’engagement spirituel, sans jamais céder aux facilités d’une religiosité superficielle ou ostentatoire.

Par ailleurs, la dimension spirituelle de cette époque médinoise n’est jamais diluée dans les réalités temporelles, elle en constitue au contraire la matrice. Lorsque le Prophète lance l’appel à la solidarité des croyants lors de l’établissement de la fraternité entre les Muhâjirûn (émigrés mecquois) et les Ansâr (habitants de Médine), c’est bien davantage qu’un acte de charité : c’est l’incarnation vivante du principe coranique d’interdépendance spirituelle, où l’autre devient miroir de soi-même et instrument de son perfectionnement intérieur.

Les batailles de Badr, Uhud et du Fossé, loin de se réduire à de simples affrontements militaires, furent autant d’occasions d’éprouver la solidité des convictions, l’endurance dans la difficulté, la patience dans l’épreuve, et surtout la capacité à ne jamais perdre de vue la finalité spirituelle suprême, même dans les moments les plus critiques. La force morale qui en découla offrit une leçon intemporelle : la véritable victoire n’est pas celle des armes, mais celle de l’esprit qui refuse la compromission avec ses propres faiblesses intérieures.

Enfin, la période médinoise est une invitation constante à repenser notre rapport au monde et à nous-mêmes. Elle rappelle que l’édification d’une société juste n’est possible qu’à travers des consciences éclairées, des cœurs purifiés, et une éthique du dépassement permanent. Elle questionne radicalement notre conception moderne du pouvoir, de la justice et de la liberté, en les replaçant sous l’autorité d’un ordre divin, seul garant d’une justice universelle et durable

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